"Vaincre la colère, c'est triompher de son plus grand ennemi" [feat Maggy Walter]

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Alphonse de Lamartine

Depuis la mort de son père, Stella s’était enfermé dans ce que l’on pouvait assimiler à un mutisme sentimental. L’attachement ne faisait plus parti de son vocabulaire. Pour elle, s’attacher revenait à prendre le risque de souffrir un jour et il n’était pas question qu’elle subisse cela de nouveau. Ce qui ne l’empêchait pas d’être particulièrement espiègle et joueuse. Une attitude pouvant servir de dissimulateur aux sentiments qui pouvaient être les siens et contre lesquels elle passait une partie de son temps à lutter. Pourtant, elle ne pouvait échapper à ces instants de solitude qui l’envahissait régulièrement. Il y avait bien sa meilleure amie, Sarah, sur qui elle pouvait toujours compter. Mais elle avait sa vie sur terre. Bien que la jeune femme se soit parfaitement adaptée à la vie sur subconscia, elle ne demeurait pas moins une humaine et chaque fois que le soleil repointait le bout de son nez au dessus de la terre, elle devait retourner à sa vie quotidienne, laissant Stella à son propre quotidien.

" Le temps peux permettre d'effacer certaines douleurs, certains visages, certains sons, certains regards et peut être même certains sentiments. Mais parfois il suffit d'un seul mot pour que l'objet de notre oublie refasse surface dans notre mémoire "

Ce jour là, une nouvelle fois, elle avait préféré fuir la maison familiale pour éviter de faire face aux réprimandes de sa mère :

- Je conçois que tu aime t’amuser, que tu aimes ta liberté, mais cela ne t’autorise pas à être complètement insouciante. Te rends tu compte que l’évènement de la taverne à fait le tour des plaines ?! Et je ne te parle pas des autres territoires… Stella ma chérie, ton père à toujours été conciliant avec toi, mais il ne tolérerait surement pas cette attitude de plus en plus désinvolte que tu prends !
-Seulement il n’est plus la pour me le faire savoir ! répondit brutalement la jeune femme. Et si tout le monde semble vouloir l’oublier, pas moi !

Sur ces paroles, elle était partie en claquant la porte. Et sans se retourner, elle s’était dirigé tout droit vers « sa » clairière. Assise sur un tronc d’arbre, entre obscurité et clarté, elle tenta tant bien que mal d’oublier sa colère. Non son père ne pouvait plus rien lui dire ! Et pourtant, par moment, elle ferait n’importe quoi pour entendre à nouveau sa voix. Elle s’était toujours bien entendue avec son père. Il était le seul à ne jamais lui avoir reproché son caractère oisif et le brin de folie qui l’habitait. Et il avait fallu qu’une de ces brutes de loups-garous lui ravissent le seul qui pouvait un tant soit peu la comprendre. Ne cherchant pas à comprendre, qui était le véritable responsable, elle avait dirigé sa haine contre le clan entier et surtout sur Brogan, leur chef. Elle avait beau y penser souvent, comment pourrait-elle un jour pardonner à ce peuple qu’elle avait entièrement mis dans le même panier ?

En pleine tergiversions, la jeune femme « revint sur terre » quand un léger craquement se fit-entendre. Qui osait venir troubler sa tranquillité à l’endroit même où elle avait depuis longtemps élu refuge ?

Maggy entra dans son appart’, sur les nerfs. Il était plus de 2h du matin. Est-ce que seulement une fois, juste une fois, elle aurait une journée agréable? Elle jeta son blouson de moto sur le canapé et posa son casque sur la table.
Elle alla mettre un cd de Ray Charles, son meilleur ami dans ces moments là. Quel imbécile ce Franck! Qu’est-ce qui l’avait poussé à cogner ce type?! Maintenant son meilleur guitariste se retrouvait la main cassée!! Et ils jouaient le week end prochain! Jamais il n’aurait récupéré! Elle l’avait emmené à l’hosto, mais elle ne l’épargna pas de sa fureur. Il en avait pour un mois…minimum!! Quel abruti!! En plus, ils avaient perdu un lieu de représentation. Le gérant ne voulait plus les revoir puisqu’il avait déclenché la bagarre.

Elle se dirigea vers la salle de bain, et se glissa sous la douche. L’eau chaude lui fit du bien. Elle lavait ses pensées sombres. Elle resta un moment, se délectant de l’humidité et température de sa cabine. Puis elle se décida de sortir. Elle entendait toujours Ray chanter de toute son âme. Elle mit alors son pantalon pyjama noir et un débardeur gris. Elle n’avait toujours pas sommeil…Elle alla donc prendre sa petite boite magique dans son armoire et alla se poser dans son canapé.

-Georgia….Georgia…a sooong of yooouu… chantait-elle en compagnie de Ray.

Elle se prépara un petit joint histoire de complètement se détendre. Sa journée exécrable ne se résumait pas seulement à la soirée! Durant son boulot déjà, cela avait mal commencé. Son patron, un vieux pervers, n’arrêtait pas de lui faire des avances. Jusqu’ici elle avait tenu bon, car il lui fallait du fric. Mais elle n’allait pas tenir bien longtemps! Un jour elle le remettrait à sa place, et tant pis pour le job! Ce n’était pas son premier, et ce ne serait pas son dernier. Oh bien sûr, elle se défendait. Elle n’était pas comme les autres minettes à baisser les yeux et à faire comme si de rien n’était. Mais il fallait croire que cela plaisait au vieux!
Elle tenta de ne plus y penser et Frank revint dans ses pensées. Elle le revoyait en train de parler avec le mec d’un manière assez véhémente, puis lui en coller une. Tout ça parce que apparemment, le gars lui avait manqué de respect… Elle soupira et s’allongea, aspirant les bouffées d’herbes. Petit à petit, elle sentit son corps se détendre… Elle se focalisait sur la voie de Ray tout en regardant sa lampe allumée, au dessus d’elle.
Son joint terminé, elle ferma les yeux. Elle pouvait voir le point lumineux sur fond noir. Petit à petit son esprit glissa vers le domaine des rêves…

Elle se retrouva alors dans un endroit merveilleux! Elle n’en croyait pas ses yeux! Tous les arbres, toutes les plantes, chaque brin d’herbe diffusaient une lumière féérique! Elle devait surement se trouver à Subconscia, mais elle n’était jamais venu ici. Jusqu’ici elle était restée dans le Canyon ou les terres neutres. Combien d’autres endroits merveilleux cachaient ce monde? Elle avait peut-être trop fumer en fait. Son imagination travaillait trop! Elle avança parmi toute cette végétation fluorescente. Elle espérait que ce n’était pas radioactif tout ça! Elle prit le risque de toucher une fleur, et celle-ci se recroquevilla à son toucher…

-C’est dingue!
Elle se promit alors de fumer plus souvent! Cet endroit était tellement fascinant! Elle continuait d’avancer tout en admirant les alentours et se sentait extrêmement chanceuse et privilégiée. Elle se retrouva alors devant des champignons...et se demanda s'ils étaient hallucinogènes.

Définitivement sortie de ses pensées, Stella tendit l’oreille. De nouveaux craquements se firent entendre. Ainsi qu'une voix:

- C'est dingue! entendit-elle résonner.

Cette fois, elle en était sûre. Il y avait bien quelqu'un et particulièrement proche. De plus, ce n'était pas une voix familière. Non. Elle ne l'avait jamais entendue. Par mélange de curiosité et de colère, elle se leva, et se dirigea vers ces bruits qui venaient troubler sa quiétude. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle se retrouva face à une jeune femme qu'elle était certaine de n'avoir jamais vue auparavant.

Rapidement, Stella vit ses réflexes prendre le dessus. Malgré son caractère bien trempé, la jeune femme ne restait pas moins sensible aux sentiments incontrolables, telle que la peur. Et son instinct de survie, comme tous ses sentiments, influait sur ses pouvoirs. Brusquement, des branches s'entrecroisèrent entre elle et la nouvelle venue.

-Qui êtes vous? Qu’est ce que vous faites là ? l’interrogea-t-elle brusquement.

Pas de réponse. Seul résonnait un silence pesant. Son interlocutrice semblait complètement ailleurs. Elle ne semblait pas dans son état normal. De plus, elle semblait surprise de la brusquerie de la jeune femme. Devant l'air hébété de la jeune inconnue, Stella se demanda quel nouveau cocktail lobotomisant pouvait avoir inventé Neil. parce que "celle là..." pensa la jeune femme, "elle ne doit pas avoir bu que du jus d'orchidée...". Toutefois, elle ne baissa pas sa garde. Les apparences pouvaient être trompeuses, et elle n'était pas prête à renoncer à une réponse...