Je parcourais des yeux ma boutique. A chaque fois que je me laissais à observer les moindres détails du Luminescence, je ressentais une bouffée de fierté. Oui, j'avais vraiment bien fait de reprendre cet endroit. La boutique était entièrement en bois sombre, du sol au plafond en passant par les meubles. C'était une vraie caverne d'Ali Baba, mais était remplie d'objets, de pots et de boissons celtiques et médiévales. J'avais des bijoux, des vêtements, des encres, des pendules... mais ce qui intriguait le plus les gens, c'était les bocaux remplis de diverses choses (poudre de mandragore, de sang de dragon séché...) et les bouteilles d'hydromel et de vin inspiré des recettes d'elfes (merci Tolkien !).
A première vue, la boutique semblait être totalement sens dessus dessous, mais j'avais prit soin de ranger les objets : les bocaux et les boissons remplissaient tout un pan de mur couvert d'étagères, les sacoches en cuir et les petits cahiers étaient suspendus au plafond, les bijoux et objets tels que les dagues ou les encriers étaient rangés dans des vitrines en verre, les vêtements étaient suspendus sur des portiques, et les objets que j'appelais les "attrape touristes" étaient sur des fils ou des portiques à roulette.

Ma boutique était en apparence inoffensive et pour les fans de fantasy. Mais derrière mon comptoir en bois, cachée derrière une fausse cloison, se trouvait ma réserve de potions de rêve, qui permettait à ceux qui les achetaient de se rendre sur Subconscia. Car les humains Alpha y allaient sans aide, tandis que les humains Bêta ignoraient l'existence de ce monde, et pour ceux qui voulaient s'y rendre, devaient boire ces potions. Ces potions sont très rares et très chères car leur fabrication est artisanale et aussi dangereuse que leur vente. Très peu d'humains Bêta étaient au courant de leur existence. Ceux qui venaient me voir étaient généralement des proches d'humains Alpha et signaient une clause de confidentialité. Avec tous ces militaires qui trainaient dans le coin, on n'est jamais trop prudents !

La journée avait été assez fructueuse, j'avais fait un bon chiffre et rencontré des personnes intéressantes. La nuit venait de tomber, et il était bientôt l'heure de fermer la boutique, quand le carillon de la porte d'entrée se mit à sonner. Je me tournais vers la porte, et vit une jeune femme blonde franchir le seuil de la boutique. Elle se dirigea directement vers moi, l'air légèrement inquiet.

« Bonsoir et bienvenue au Luminescence. Que puis-je faire pour vous ? » lui demandais-je en souriant.

Jacqueline se trouvait sous une pluie battante, debout sur un morceau de trottoir, totalement immobile alors que le reste de la population s’activait pour rentrer chez soi ou se mettre à l’abri pour éviter les trombes d’eau. Stoïque et habillée de blanc, la jeune femme dénotait dans le paysage. Mais ce n’était pas son principal souci. La libraire ne savait plus vraiment où elle avait entendu parler de Luminescence, d’ailleurs c’était plutôt de la potion de rêve dont elle avait eu vent, mais la blonde n’arrivait pas à croire que l’endroit existait réellement. Malgré son statut d’Alpha, elle trouvait cela presque surréaliste. Et elle devait bien s’avouer qu’elle était anxieuse à l’idée d’entrer dans le magasin. Jusqu’à ses intestins étaient complètement noués par le trac et cela n’avait rien à voir avec la faim qu’elle ressentait un peu aussi. Prenant finalement son courage à deux mains, la demoiselle traversa la rue et regarda encore un peu la devanture de la boutique avant de passer la porte.

Un carillon tinta à son entrée et bizarrement Jack eut l’impression que tous les yeux se braquèrent sur elle à ce moment là. La rêveuse retira sa capuche et décida de se concentrer seulement sur la paire appartenant à la vendeuse derrière son comptoir. Cette dernière était très jolie et semblait parfaitement à l’aise dans son décor. La jeune maman se demanda si la brune était aussi une Alpha pour tenir une boutique permettant de se rendre à Subconscia, mais consciente que c’était une question qui ne se posait pas, la demoiselle garda sa réflexion pour elle. La vendeuse lui adressa la parole et alors que cela se faisait en toute logique, Jack ne put retenir un sursaut de surprise. Elle sentit son cœur s’accélérer par l’angoisse et sa bouche devenir sèche d’un seul coup.

« Euh oui…euh…c’est bien ici…que on trouve des potions.. ? »

Jacqueline se serait presque mit des baffes pour avoir balbutié ainsi, elle qui possédait normalement un caractère si fort. Et sans compter qu’elle aussi était dans le commerce et qu’il n’y avait aucune honte à profiter des avantages offerts par Subconscia, puisqu’elle faisait parti des élus. Mais peut-être à cause du but de la potion, la libraire se sentait un peu coupable au fond. La blonde dégluti rapidement et décida de compléter sa phrase pour avoir l’air moins idiote.

« Comme celle qui permet de rêver…vous voyez ? »

Puisque les chances que Jack se soient de magasin étaient plutôt mince, la jeune femme derrière son comptoir voyait forcément où la blonde voulait en venir mais celle-ci imaginait facilement qu’elle n’était pas la première cliente mal à l’aise à entrer ici. Du moins elle l’espérait !

La jeune femme blonde sursauta assez brusquement à mon interpellation. Parfois, j'avais l'impression de terroriser mes clients, mais je savais que je ne pouvais que blâmer l'aspect étrange (et que j'aimais tant) de ma boutique. Elle était habillée en blanc, et malgré le fait qu'elle n'avait apparemment pas pu se protéger de la pluie, elle me fit l'effet d'une personne extrêmement douce et gentille. Elle se dirigea vers moi, l'air toujours inquiet, et demanda, nerveuse, si j'avais des potions de rêve. La surprise me fit involontairement hausser un sourcil, mais je sentais que je n'avais rien à craindre de cette jeune femme. Je vérifiais derrière elle que personne n'ait entendu sa requête et lui sourit :

« Vous êtes venue au bon endroit. Veuillez patienter quelques minutes je vous prie, je reviens tout de suite. »

Elle sembla se détendre un peu et hocha la tête. J'actionnais discrètement le mécanisme d'ouverture de ma réserve et m'y glissais sans bruit. Elle était assez vaste, mais de l'extérieur de la boutique, rien ne laissait croire qu'elle cachait une autre pièce. Ma plus grande inquiétude, c'est qu'un jour quelqu'un remarque que le bâtiment en lui même était plus grand que ne l'était la boutique en elle même. Jusque qu'ici, j'avais évité ce problème, mais avec le projet Fairy Dust, on n'était jamais à l'abri de questions gênantes...

La réserve, comme la boutique, était couverte d'étagères remplies de potions et éclairée avec une lumière jaune discrète. Contrairement aux boissons inoffensives de la boutique, celles de la réserve étaient bien différentes. Elles étaient principalement des potions de rêve, mais j'avais aussi des potions de soin ou de vérité par exemple. Je me méfiais d'ailleurs plus de ces deux dernières et de l'utilisation qu'en faisaient les gens. Mes potions étaient toutes dissimulées dans de fausses bouteilles de couleur, avec une étiquette lambda.
Je me dirigeais vers l'étagère des potions de rêve, et pris une petite bouteille qui ressemblait à s'y méprendre à une bouteille d'hydromel. Dans une boutique pour les amateurs de fantasy, de l'hydromel ne se remarquait pas.
J'hochais la tête, satisfaite, et reparu devant la jeune femme avec ma bouteille et lui demandais, en baissant la voix :

« Je m'excuse de vous demander cela, mais je dois vous poser quelques questions avant de vous donner cette bouteille. Je ne peux pas me permettre d'en vendre à n'importe qui, j'espère que vous comprenez. Ne vous inquiétez pas, vous n'avez absolument rien à craindre de moi, vos réponses seront gardées dans un coin de ma tête et personne n'y accèdera. Êtes vous d'accord ? »

J'attendais sa réponse en espérant ne pas l'avoir encore plus effrayée qu'elle ne l'était déjà. Mon métier n'était pas toujours drôle, et je n'aimais pas susciter la crainte chez mes clients. Mais la tranquillité et la sécurité était à ce prix.

Un certain soulagement envahi Jacqueline quand la vendeuse confirma qu’elle était au bon endroit. D’accord la blonde n’avait pas imaginé se tromper en écrivant l’adresse et l’atmosphère très romanesque à la Greg Keyes de la boutique ne permettait pas non plus de trop douter mais vu l’importance de sa requête elle ne perdait rien à demander plutôt deux fois qu’une. Si son trouble était visible nul doute que son soulagement aussi et alors que la brunette derrière le comptoir disparaissait dans ce qui devait être la réserve l’Alpha en profita pour regarder une peu plus attentivement le décor qui l’entourait.

Aux yeux des badauds le magasin ne devait avoir l’air que d’un de ses endroits pour les geeks en mal d’ordinateur ou pour les touristes un peu curieux de métaphysique. Mais Jack pouvait voir avec les yeux de Subconscia, l’ambiance qui régnait était semblable à celle de la forêt des elfes avec cette petite dangerosité du Canyon Lunaire. Cependant la blonde penchait clairement plus pour une race que pour l’autre concernant la brune qui la servait. Pour autant elle n’avait aucune garantie, cette demoiselle aurait tout aussi bien pu être une simple humaine ou encore pire à la solde du Projet. Elle revint et la jeune mère s’approcha un peu plus du comptoir pour que leur conversation devienne privée. Discrètement aussi elle glissa la main dans son sac pour effleurer du bout des doigts la bourse en cuir contenant l’argent spéciale pour payer la potion.

Contre toute attente, la vendeuse ne lui tendit pas son produit mais lui demanda si la rêveuse accepterait de répondre à quelque question. Elle ne devait pas avoir peur, c’était plus facile à dire qu’à faire mais en y réfléchissant plus attentivement, cette jeune femme assurait probablement juste ses arrières. Vérifiant que Jack n’était pas non plus une ennemie travaillant pour Fairy Dust. Apres une grande inspiration et un regard en arrière pour être sure qu’aucune oreille indiscrète ne trainait par là, la maman répondit.

« Tant que je ne finie pas en Zone 51 ou frappée par la foudre de Yami, vous pouvez y aller. »

La libraire avait volontairement glissé le nom de la déesse des sorcières dans sa phrase pour déjà donné une information à la vendeuse. Elle devinait en effet que cette dernière allait s’enquérir de sa race ou de son aptitude à accéder au mondes des rêves par elle-même et puisque c’était le cas, alors à quoi lui servirait la potion ? A sa place Jacqueline aurait surement fait la même chose. De nos jours on n’était jamais trop prudent. CE n’était pas qu’elle avait lu trop de thriller dans sa vie mais la demoiselle savait qu’un mot à la mauvaise personne et elle se retrouverait le cul sur une chaise dans une vieille chaufferie résistant pour ne pas donner la clé d’accès à Subconscia. N’était-ce pas pour cette même raison qu’elle avait souhaité mettre de la distance entre elle et Nick ? N’était-ce donc pas pour cela que Jacqueline se trouvait précisément dans Luminescence ?!

Mes questions semblaient avoir eu un effet important sur la jeune femme. Elle réfléchit un long moment, elle prit une grande inspiration, regarda autour d'elle pour vérifier qu'une oreille indiscrète ne trainait pas, et me déclara :

« Tant que je ne finie pas en Zone 51 ou frappée par la foudre de Yami, vous pouvez y aller. »

L'allusion à la déesse des sorcières me surprit mais me fit sourire. Bon, apparemment, cette jolie blonde avait l'air digne de confiance. Elle avait évoqué la zone 51, mais il était clair que si je me faisais découvrir, je risquais bien pire. L'idée de devenir un cobaye n'était vraiment pas mon truc. Et les militaires avaient le nez fin, ils étaient déjà venus rôder autour de ma boutique. Prudence était donc indispensable.

« Tout de même, vous pensez qu'ils nous conserveraient dans la zone 51 ? Par contre, pour Yami, je ne peux rien vous garantir, les sorcières elles mêmes ont un peu du mal à prévoir ses réactions. »

Je pensais que j'avais probablement une sorcière en face de moi. Je n'en avais encore jamais rencontré ! Je ne connaissais pas trop leurs caractéristiques, mais si celle ci en était une, elle avait l'air d'être quelqu'un d'extrêmement doux. Peut être qu'il serait temps que je m'aventure un peu au delà de la forêt enchantée. Cela faisait des lustres que j'allais sur Subconscia mais je passais tout mon temps dans la forêt, me contentant de ce que je connaissais. Peut être que découvrir un peu mieux ce monde me permettrai de sortir de cette routine qui commençais à m'étouffer.
Ayant une facilité à divaguer, je coupais nette toute pensée afin de reporter mon attention sur ma cliente. J'observai ses réactions et continuai :

« Personnellement, la forêt me convient parfaitement. Elle me fait penser à la boutique. Et vice versa. Vous êtes une Alpha n'est-ce pas ? Une sorcière peut être ? »

Le nous dans la phrase de la vendeuse confirma à Jacqueline que la jeune femme était elle-aussi une Apha mais pas une sorcière comme elle. La tension dans les épaules de la blonde se détendit subitement quand elle comprit qu’elle pouvait faire confiance à la demoiselle qui lui faisait face. Elle était loin de savoir que des rêveurs participait aux expériences scientifiques, de fait cette confiance ne valait pas grand-chose mais dans son ignorance cela était réconfortant. Jack esquissa un sourire à la mention de sa déesse et au fait que oui ses réactions ne pouvait se prévoir, tout comme une véritable sorcière. Après cet achat il faudrait surement qu’elle aille prier au temple pour se faire pardonner. C’était étrange, sur Terre, la libraire était loin d’être croyante et elle pouvait compter le nombre de fois où elle avait mit les pieds dans une église sur les doigts d’une main, mais sur Subconscia c’était autre chose. Les croyance étaient différentes, plus païennes et donc plus attractive à son humble avis mais ce n’était pas la question du jour.

Son interlocutrice enchaina sur le fait qu’elle préférait nettement la Forêt et confirma donc les soupçons de la blonde, elle était une elfe. Pas trop de surprise de ce côté car il n’y avait que cette race qui possédait des connaissances sur les plantes et les potions. La brune demanda ensuite si Jack était bien une sorcière. Elle hocha la tête tout en disant.

« Effectivement j’en suis une. Et je suis d’accord il y a quelques choses des Plaines Enchantées ici ! »

Maintenant qu’elle n’avait plus peur, la jeune mère se sentait bien plus à l’aise et prête pour affronter n’importe quelle question. Bon elle ne voulait pas non plus dévoiler entièrement sa vie à une inconnue, mais puisqu’elle ne connaissait finalement aucun Alpha en dehors du pays des rêves c’était assez plaisant de rencontrer d’autres gens sachant exactement ce qu’elle ressentait. La peur d’être découvert, le poids du secret, ce genre de chose.

« J’imagine que du coup ma présence doit vous sembler étranger… »

Ajoute la sorcière avec un sourire crispé. Pourquoi acheter une potion quand on a juste à fermer les yeux pour se retrouver sur Subconscia ? Mais Jacqueline se disait qu’en tenant cette boutique, cette jeune femme devait en avoir vu et entendu des vertes et des pas mûres ! Enfin elle attendit patiemment une réponse et probablement une autre question de la part de la brune.

« Effectivement j’en suis une. Et je suis d’accord il y a quelques choses des Plaines Enchantées ici ! »

La jeune femme sembla se détendre après cette confession. Comme si on lui ôtait un énorme poids des épaules. J'imaginais bien ce que pouvait ressentir la sorcière. Être un Alpha n'était pas tous les jours facile à vivre, surtout lorsque l'on n'avait personne avec qui partager cela, et vivre avec cette crainte d'être découvert. C'était la raison pour laquelle je ne sortais jamais. Je ne voulais pas prendre le risque de m'attacher à quelqu'un et que mon statut d'Alpha complique les choses. Elle réfléchit un peu puis ajouta avec un sourire crispé :

« J’imagine que du coup ma présence doit vous sembler étrange … »

Je lui souriais gentiment. Je comprenais que ce qui touchait à la vie privée était souvent délicat pour les gens, et je voyais bien qu'il en était de même pour la jeune femme. Et puis allez raconter votre vie à une inconnue rencontrée il y a quelques minutes ! Je me sentais brusquement gênée de lui poser des questions. Quelque chose me poussait à apprécier cette femme, et par pudeur, je commençais à regretter de devoir l'interroger. Mais c'était mon métier, et je ne devais en aucun cas déroger à cette règle de survie que m'avait apprise Gisèle, mon ancienne patronne. Je maudis intérieurement les fondateurs du projet Fairy Dust. Malheureusement, je ne savais pas exactement qui était derrière, et pourquoi, mais je savais au moins que c'était autant dangereux pour les Alphas que pour les Subsciens. Enfin, du côté de Subconscia, c'était délicat aussi, je sentais que les vampires, et surtout Drake, étaient eux aussi très attirés par la possibilité d'aller sur Terre. Et nous devions donc gérer des mégalos des deux côtés. Ah, les hommes et leurs délires de grandeur...
Je pris une inspiration, plus convaincue par mes pensées, et demandais alors :

« Oui, je ne vous cache pas que votre demande est surprenante, je crois même que c'est la première fois qu'un Alpha vient me demander une potion de rêve. Est ce que vous pouvez m'expliquer, brièvement - vous n'êtes pas obligée de me donner les détails, le pourquoi du comment, si cela vous gêne, je comprends - pourquoi vous avez besoin de cette potion ? Et comment avez vous su que vous pourriez en trouver ici ? »

Comme Jacqueline s’y attendait, la vendeuse confirma qu’une Alpha qui achetait une potion de rêve avait de quoi éveiller les soupçons. Et la brunette enchaina d’ailleurs avec deux questions. Elles étaient logique et pourtant très dures de leur trouver une réponse satisfaisante. Compte tenu de la méfiance dont l’elfe faisait preuve, la libraire se voyait mal lui confier qu’elle voulait envoyer son ex mari sur Subconscia pour le reconquérir. Et pour autant il lui fallait une véritable raison d’acheter la potion sans lui laisser penser qu’elle allait ensuite courir dans le désert du Nevada pour aller donner le secret des rêves à un scientifique fou. Parce qu’en plus ce n’était absolument pas dans ses attentions.

« En fait c’est l’anniversaire de ma meilleure amie la semaine prochaine et je voudrais lui offrir quelque chose de spécial. Oh bien sur je m’arrangerais pour qu’elle ne sache pas où elle est et qu’elle ne rencontre personne une fois là-bas. Ce serait vraiment juste pour lui offrir un rêve. »

Même si Jack était un peu en train de mentir, la seconde partie de sa phrase, elle, était vrai. Ce n’était pas dans son intérêt de croisé des subsciens pendant cette expérience et même si la jeune femme ne savait pas encore comment se déroulerait le tout ou ne pouvait pas prévoir la réaction de Nick, elle n’allait probablement pas lui dire ‘hey Bienvenue à Subconcia !’ Inenvisageable. Puis la sorcière dû révéler sa source.

« En fait j’étais à la Taverne du Temple et j’écoutais distraitement une conversation à la table d’à côté et cela parlait de votre magasin. Je n’y croyais pas vraiment jusqu’à ce que je la vois et puis que j’entre… »

Cela devait paraître bien naïf comme situation mais pourtant c’était le cas. Aussi Jack ne savait pas qui étaient les personnes qu’elle avait entendu parler et si on le lui avait demandé il y a une heure, elle aurait probablement répondu que Luminescence était une mauvaise blague. Et pourtant maintenant, elle y croyait dur comme fer et elle comprenait aussi mieux cet argent étrange qui avait commencé à apparaître sous son oreiller après certains rêves, comme la petite souris qui passe pour les dents de lait. Quoi qu’il en soit la demoiselle espérait avoir convaincu son interlocutrice et attendit sa réaction.

La jolie blonde réfléchit un moment avant de me répondre. Elle m'expliqua :

« En fait c’est l’anniversaire de ma meilleure amie la semaine prochaine et je voudrais lui offrir quelque chose de spécial. Oh bien sur je m’arrangerais pour qu’elle ne sache pas où elle est et qu’elle ne rencontre personne une fois là-bas. Ce serait vraiment juste pour lui offrir un rêve. »

Je souris à cette explication, je n'avais moi même jamais pensé à offrir une potion de rêve comme cadeau, et c'était une excellente idée. Un peu étrange et surprenante, certes, mais originale. En songeant aux merveilles dont regorgeait Subconscia, je me disais que oui, c'était un très beau cadeau. Je gardais cette idée de côté en pensant à Molly. J'étais sûre que ce serait une idée de cadeau pour elle, et cela me permettrait peut être de réussir à lui avouer que je suis une Alpha et lui faire par là même découvrir Subconscia.
La jeune femme poursuivit pour répondre à ma deuxième question :

« En fait j’étais à la Taverne du Temple et j’écoutais distraitement une conversation à la table d’à côté et cela parlait de votre magasin. Je n’y croyais pas vraiment jusqu’à ce que je la vois et puis que j’entre… »

Cette fois ci, mon sourire se figea. Les gens étaient vraiment inconscients ! Parler aussi ouvertement de mon magasin, cette discussion aurait pu tomber dans l'oreille de n'importe qui ! J'avais eu de la chance que ce soit la jeune femme et pas un soldat américain qui les surprenne. Je me pinçais les lèvres avec mécontentement. Il allait me falloir être encore plus prudente et demander à mes clients d'éviter de parler de mes potions dans des lieux publics. Si je me doutais que la jeune femme serait prudente car elle était une Alpha et savait ce que c'était, les Humains Bêtas qui m'achetaient mes potions ne comprenaient pas l'ampleur de la situation. Vraiment, les humains sont tellement irresponsables.
Malgré tout, je répondis :

« Hmm, ce n'est pas forcément le meilleur moyen de me faire de la publicité, j'espère que ces gens ne vont pas s'amuser à répandre la nouvelle dans toute la ville... Mais bon, ne vous inquiétez pas, cela n'a rien à voir avec vous. En tout cas, je pense que c'est vraiment une super idée de cadeau, je n'y avais jamais songé pour être honnête. Je pense que je vais vous piquer l'idée » ajoutais je avec un clin d'oeil.

Je poursuivis :

« Eh bien, il semblerait que tout soit en règle. Vous êtes une Alpha, fort sympathique qui plus est, donc je suppose que je n'ai pas de soucis à me faire vis à vis de vous. Je vous vends donc volontiers ma potion de rêve. Par contre, je ne sais pas si vous avez été prévenue, mais elle est chère, pour compenser les risques du métier et le coût des ingrédients... Cela vous fera donc 75$. »

Jacqueline n’était pas sûre de comprendre la réponse de la vendeuse, ce n’était pas la mort que les Subciens puissent parler de la boutique et de ce qu’elle y vendait. Après tout les elfes étaient réputés pour leur potion et décoction, cela ne surprenait personne. Et puis n’importe quoi se répandait comme une poignée de poudre au cœur du Temple. Encore plus vite qu’un message posté sur internet, c’était dire ! Enfin, peut-être que la brunette ne tenait pas non plus à voir tous les Alphas débarquer dans sa boutique sous prétexte de vouloir faire rêver quelqu’un. Mais la jeune femme ajouta que d’offrir le tout pour un anniversaire était une bonne idée. Effectivement quand on y pensait, c’étai pour cela que Jack s’en était fait une excuse mais malheureusement dans son cas on était loin de la vérité. Les inconvénients de mener une double vie. Pauvres superhéros !

La vendeuse ajouta ensuite qu’elle était finalement d’accord pour vendre la potion à notre libraire tout en annonçant que le prix valait largement le service. Aucun problème, la sorcière avait beaucoup d’argent qu’il s’agisse du vrai ou de celui lui venant des rêves. Après avoir serré la petite bourse dans sa poche, Jack l’en sortit et la posa sur le comptoir, après avoir, bien sûr, regarder que personne ne les espionnait de trop près. Puis à l’attention de la vendeuse, la mère célibataire déclara.

« Merci de votre confiance. »

Un sourire ornait ses lèvres, ce n’était pas dans sa personnalité de mentir, du moins pas directement parce que Jacqueline avait souvent été une partisante de l’omission. Seulement parfois il fallait bien pouvoir arriver à ses fins sans blesser personne. La jeune femme ne faisait au fond rien de mal, mais elle n’aimait pas devoir raconter des histoires à son interlocutrice qui avait l’air très gentille. Mais en commençant à étaler sa vie privée en parlant de Nick, Jack aurait prit le risque de se voir refuser la potion. Son ex-mari, un militaire, même elle ne se serait jamais vendu un moyen de le faire voyager sur Subconscia.

« Et ne vous faites pas de souci, mes lèvres sont scellées concernant ce lieu et ses articles. »

Ça par contre c’était vrai ! La blonde n’irait dire à personne ce qu’elle avait trouvé à Luminescence ou quoi que ce soit d’autre. Parce que de un elle voudrait y revenir, et ensuite parce que cela protégeait aussi son propre secret. Elle attendit ensuite que l’elfe lui tende l’objet de toutes les convoitises.

La jeune femme serra un objet dans sa poche, et après avoir vérifié que personne ne nous observait, posa une petite bourse sur mon comptoir. Elle me remercia en souriant pour ma confiance et je lui rendit son sourire. Son sourire avait quelque chose de nerveux, un peu crispé. Elle ajouta :

« Et ne vous faites pas de souci, mes lèvres sont scellées concernant ce lieu et ses articles. »

Mon sourire s'élargit, et je lui répondit, tout en vérifiant sommairement l'argent contenu dans la bourse :

« Mon job est une histoire de confiance mutuelle. Au moins, je sais que je peux compter sur vous pour ne pas me faire trop de publicité. Je n'ai rien contre le fait qu'on discute de ma boutique, mais les gens sont parfois peu précautionneux, et un militaire est déjà venu me voir une fois. Donc on peut dire que je suis devenue un peu plus parano depuis. Mais bon, que voulez vous, ce sont les risques du métier ! En tout cas, j'espère que vous reviendrez et que vous me raconterez comment votre meilleure amie a vécu cette expérience ! »

Tout en parlant, la chair de poule s'insinua le long de mes bras. Je repensais à cet officier qui était venu à la boutique une fois. Il s'en était fallu de peu pour qu'il soupçonne quelque chose. Je n'avais jamais eu aussi peur de toute ma vie. Je crois que même une entrevue avec Drake, le roi de Subconscia, m'effraierai moins. Enfin, bon, peut être pas. Mais l'idée de finir comme cobaye pour l'armée américaine n'était pas plus agréable. Heureusement, l'officier était jeune et un peu trop fougueux, donc il était plus occupé à parader comme un paon, fier de lui, plutôt que de vraiment s'intéresser à ma boutique. Mais j'aurais peut être moins de chance la prochaine fois. En espérant qu'il n'y en aura jamais...

Ma vérification ayant été fructueuse, bien que je n'en doutais pas vraiment, je tendis la petite bouteille de potion à la jolie blonde :

« Et voilà ! En vous remerciant et en espérant que vous réussirez à trouver ce que vous chercher… »

J'avais ajouté ceci pour observer sa réaction afin de confirmer - ou non - une petite intuition.

La phrase que Jacqueline avait eue fit son petit effet et la vendeuse lui expliqua qu’il fallait bien faire confiance dans son métier mais sans abuser des bonnes choses. La blonde était relativement d’accord, il ne fallait jamais y aller à l’aveugle dans ce genre de situation. Cependant un frisson de peur lui parcouru l’échine lorsque la brunette parla d’un militaire qui était déjà venu roder dans les parages. Oui heureusement qu’elle n’avait rien dit à propos de son ex-mari, sinon jamais on ne lui aurait donné quoi que ce soit dans ce magasin, ce qui était plus que compréhensible de son point de vu. Et puisque oui elle avait l’intention de revenir, mieux valait ne pas tout foutre en l’air maintenant, même si Jack devrait inventer un petit mensonge sur la réaction de sa fameuse amie. Avec un peu de chance elle pourrait s’inspirer de la réalité, mais rien n’était moins sûr ! Enfin, la sorcière récupéra la petite fiole contenant le précieux liquide.

« La quête ne s’interrompt jamais. »

Répondit-elle à la dernière question, tout en reprenant un principe de la religion wiccan. Cette elfe aurait-elle un sixième sens ou quelque chose pour lui balancer se genre de phrase ?! Si oui c’était encore plus impressionnant dans le monde humain. Ce qui d’une étrange façon amena la blonde sur un sujet qui ne lui avait pas effleuré l’esprit auparavant.

« Si j’ai encore une question…comment je lui donne la potion ? Dans n’importe quelle boisson ? »

Cela pouvait sembler un détail comme une autre mais la jeune femme savait qu’il ne fallait pas faire n’importe quoi, comme pour les formules magiques. Imaginons qu’un ingrédient ne soit pas compatible avec du vin et que l’homme de sa vie finisse aux urgences après un arrêt cardiaque. C’était inenvisageable et puis Jacqueline n’était pas du genre à faire les choses sans réfléchir avant. Presque rien dans sa vie n’avait été laissé au hasard, alors la blonde n’allait pas commencer maintenant avec un sujet aussi sérieux que l’avenir de sa famille. Mais tout en attendant sa réponse, la demoiselle s’empressa de glisser le flacon dans son sac à main.

A l'évocation de ma désagréable expérience avec le militaire, la jeune femme sembla se raidir. Je pouvais facilement imaginer que cette pensée avait pu l'inquiéter, après tout, il en allait de la survie de tous les Alphas d'essayer de croiser le moins possible les militaires. Quant à ma question, elle se déroba avec une réponse évasive mais intéressante. Je souris à cette esquive et décida de ne pas persévérer pour ne pas mettre ma cliente mal à l'aise. Ma question semblait l'avoir un peu déstabilisée. J'ai toujours eu quelques facilités à cerner les gens, je suppose que c'est cette capacité qui a prédisposé au fait que je sois une Elfe sur Subconscia. Enfin, je pense, car je ne sais pas vraiment comment ça marche à ce niveau là. La jolie blonde me demanda, tout en glissant rapidement le flacon dans son sac :

« Si j’ai encore une question…comment je lui donne la potion ? Dans n’importe quelle boisson ? »

Sarah se mordit l'intérieur des joues, tout en se maudissant intérieurement d'avoir oublié de préciser ce détail important. La potion ne se mélangeait pas avec n'importe quoi, l'alcool par exemple, annulait tous ses effets. Heureusement, comme elle était composée uniquement d'ingrédients naturels et non dangereux, elle ne pouvait pas avoir d'effets secondaires non désirés et ne représentait aucun danger pour celui qui la consomme, mais il valait mieux la manipuler avec le plus de soin possible. Généralement, Sarah conseillait de la mélanger avec un liquide qui comportait très peu d'éléments qui pouvaient altérer ses composants.

« Idéalement, dans de l'eau filtrée, avec le moins de calcaire et de minéraux possible. Le flacon est petit et donc ne contient pas énormément de potion, comme vous avez pu le constater, mais ne doutez pas de son efficacité. Vous n'avez qu'à le verser dans de l'eau, et la potion prendra la substance, le goût, la couleur du liquide dans lequel elle est plongée. C'est un procédé de fabrication qui la rend ainsi indétectable, et c'est la sûreté autant pour moi que pour le client que personne d'autre ne soupçonne sa présence. »

Jacqueline fut assez impressionnée par le discours très vendeur de la jeune femme qui se trouvait de l’autre côté du comptoir. Son argument de vente et d’utilisation valait celui de n’importe quel crétin travaillant dans l’électroménager mais pour le coup l e sujet représentait un plus grand défi que le nombre de litres d’eau par lavage. Quoi qu’il en soit, la blonde nota avec précision qu’elle devait verser le tout dans un verre d’eau et que la potion serait indétectable, au moins une bonne nouvelle parce que pour forcer Nick à boire un verre d’eau plate, il lui faudrait user de la force et de toute la ruse dont elle était capable. Il lui restait un dernier point à éclaircir et Jack pourrait enfin partir le cœur léger.

« Oui je comprends, on doit tous assurer nos arrières…et est-ce que par exemple je peux mettre un somnifère avec, parce que comme j’aimerai pouvoir retrouver mon amie dans son rêve, il faut que je contrôle un minimum son sommeil… »

La libraire espérait que cette dernière interrogation ne paraitrait pas trop louche aux yeux de la brunette qui lui faisait face. Déjà qu’elle échafaudait son plan au fur et à mesure, mêler à son mensonge, elle ne savait pas si elle restait assez crédible ou non. Elle n’aimait pas mentir, ce n’était pas son truc, l’omission beaucoup plus, c’était pour cela qu’elle avait toujours caché un Nick son don et le reste, même avant qu’il ne décide de s’engager dans l’armée. Jack ne pouvait simplement pas concevoir de partager son secret, et il lui suffisait de ne rien dire là-dessus. Et cela n’avait rien à voir avec le fait de mentir. Ce qui l’inquiétait le plus était que sa nervosité et donc son subterfuge ne soit découvert, autant la sorcière savait rester mystérieux autant parfois elle était juste un livre ouvert. Désormais pressée de quitter les lieux pour ne pas dévoiler tout son jeu, la jeune femme attendit une réponse avec impatience, en se promettant que sa prochaine visite dans la boutique serait plus détendue et surtout moins mal intentionnée.

Je vis les traits de la jeune femme se crisper très légèrement à la suite de mon discours, avant de noter mentalement ce que je venais de lui dire. Je décidai d'ignorer ce détail qui me surpris un peu quand elle me demanda :

« Oui je comprends, on doit tous assurer nos arrières…et est-ce que par exemple je peux mettre un somnifère avec, parce que comme j’aimerai pouvoir retrouver mon amie dans son rêve, il faut que je contrôle un minimum son sommeil… »

Cette question ne me surprit pas plus que cela puisque, comme l'indiquait la sorcière, elle comptait retrouver son "amie" dans son rêve. Je remarquais toujours chez elle une pointe de nervosité et maintenant une note d'impatience dans sa voix. Peut être bien qu'elle ne me disait pas toute la vérité, finalement. Encore une fois, je décidai d'ignorer les signaux qu'elle m'envoyait inconsciemment et continuait dans son sens. Après tout, si cette jeune femme avait des problèmes, cela ne me concernait pas, tant qu'elle se montrait prudente avec la potion. Sa vie privée ne me regardait pas et je pensais pouvoir lui faire confiance quant au fait de garder le secret sur mon commerce, alors pourquoi chercher la petite bête ? Je sentais un profond trouble chez la jolie blonde. Sur Subconscia, j'avais appris à décoder le langage des corps, celui qu'on renvoie à nos interlocuteurs sans le savoir, et toutes ces années de pratique m'ont permis de développer, bien plus sommairement, mes sens étant bien moins aiguisés, cette capacité sur Terre. Et l'attitude de la jeune femme tendait à me faire croire qu'elle en avait gros sur la conscience. Coupant court à mes pensées, je répondit :

« Non, vous n'aurez pas besoin de somnifère, la potion fera l'effet. Assurez vous juste qu'elle boive tout, sinon elle ne somnolera qu'à moitié et elle fera un rêve très peu réaliste, et très court. »

Jacqueline hocha vigoureusement la tête en enregistrant bien les informations que lui donnant la vendeuse pour l’utilisation de la potion. Un somnifère naturel, s’en était presque trop magique pour la sorcière qui pourtant y était habituée mais sur Terre cela lui faisait toujours étrange d’être confrontée à un phénomène paranormal. Cela aurait presque été comme trouver un loup-garou en train de faire des crêpes dans le désert du Canyon. Fait prête et au courant des démarches pour plus ou moins piéger le père de sa fille et les réconcilier une bonne fois pour toutes ! Il ne restait plus pour la libraire qu’à prier pour que son plan marche comme sur des roulettes. Avant de tourner les talons et de partir elle remercia une dernière fois l’elfette derrière le comptoir.

« Je vous remercie pour le conseil et pour tout en fait. Je reviendrais ! A la prochaine fois, bonne fin de journée ! »

Elle lui fit un sourire et sortit dans la rue. Il ne pleuvait plus et Jack décida qu’elle rentrerait chez elle en prenant le bus. Un taxi ne lui disait rien du tout et comme elle ne prenait plus le risque de finir tremper, elle pouvait faire quelque pas jusqu’à l’arrêt. Contente de son achat et de ce qu’elle pourrait faire avec la potion, la blonde leva la tête pour profiter du rayon de soleil qui perçait les nuages gris un peu plus loin et faisait naitre un arc-en-ciel. La vision était simple mais la jeune maman trouva cela d’une beauté sans pareil en cet instant. D’un seul coup l’avenir s’annonçait un peu comme cette éclaircie après un gros orage. Elle misait tout sur cette potion qu’elle donnerait à boire à Nick et qui aiderait à restaurer leur relation. Du moins la belle croisait les doigts pour que cela soit le cas. La route en fut pas longue jusqu’au point du bus et l’attente encore moins, l’Alpha avait de la chance. La monta dans le véhicule et se trouva une place à côté de la vitre. Ayant pas mal de trajet elle posa sa tête contre le verre et ferma les yeux, rêvant déjà de ce que donnerait celui en commun avec Nick.

La jeune femme hochait vigoureusement la tête tandis que je lui dictais les instructions concernant la potion. Elle semblait finalement soulagée, quoiqu'un peu surprise, et avait une lueur dans les yeux. Son sac contenant la potion serré contre elle, elle m'écoutait patiemment. Lorsque j'eus finit, elle se prépara à sortir. Avant de partir, elle me dit :

« Je vous remercie pour le conseil et pour tout en fait. Je reviendrais ! A la prochaine fois, bonne fin de journée ! »

Elle sourit et disparu dans la nuit. Une brise fraîche, empreinte de l'odeur caractéristique de la pluie sur le macadam entra dans la boutique au moment où la sorcière sorti. Un léger sourire planait sur mes lèvres. La vente d'une potion était toujours un moment singulier, et me procurait une sorte d'adrénaline et de nervosité. Mais c'était la première fois que je ressentais de l'empathie pour un client. La jeune femme dégageait vraiment quelque chose.
Je jetai un regard sur ma boutique avec un pincement de je-ne-sais-quoi. Peut être de solitude. Elle était vide maintenant, et le manque de lumière la rendait encore plus sombre que d'habitude. Si je ne connaissais pas aussi bien l'endroit (je pourrais m'y promener les yeux fermés), il pourrait presque m'effrayer. Je chassai ces pensées sombres de ma tête et allai fermer la réserve des potions. Puis je recomptai ma caisse -j'avais réalisé un bon chiffre aujourd'hui- en fredonnant, avant de finir de ranger la boutique. Je prit mon manteau, mon sac et mes clefs et, après un dernier regard sur mon univers, j'éteignais les lumières et fermais la porte. C'était une belle nuit, le temps était agréable et il ne pleuvait plus. Je décidai de rentrer à pieds pour en profiter, tout en réfléchissant déjà à la journée du lendemain, quand je décidai finalement d'allonger ma soirée en allant au Shootagain, le bar huppé de la ville.